vendredi 18 septembre 2015

Une seconde année...



Trois mois de retour en France : La naissance de notre petite dernière Lièl " parfum de la terre", des vacances aux grands airs de Normandie et des Landes avec famille et amis.
Triste de quitter nos proches, mais heureuse de retrouver mon mari et ma maison, nous revoilà ici à Lagos et cette fois sans coupure jusqu'à Noël !




A 3 jours de vie, sortie de clinique, Lièl faisait une photo d'identité, à 5 jours obtenait son passeport d'urgence et 3 semaines son visa pour vivre au Nigeria. 

A peine un mois de vie, elle connaît déjà les 6 heures de vol, l'odeur, la chaleur et le bruit des klaxons Lagossiens. 
Mon bébé, mon tout petit... Tu ne dis rien, tu souris...
Les quinze premiers jours de notre retour, je l'emmenais partout. Poussette en certaine occasion mais plutôt porte bébé, elle m'accompagnait aux courses, à l'école. J'avais sans cesse des compliments et elle était admirée de tous...Je pouvais entendre " congrat Ma" ( congratulations madame ) dès que je rencontrais un Nigerian. 
Il est vrai que pour eux, il est extrêmement rare de voir des bébés de quelques semaines dans la rue. Mon chauffeur, Nnamdy m'expliquait, que les femmes nigérianes ne sortaient pas leur bébé avant 3 mois dehors. Elles restent chez elle avec souvent leur mère ou une proche pour se remettre de l'accouchement et protéger leur bébé. On les aide à s occuper du bébé, à faire à manger pour leur reste de la famille...
Serais je inconsciente ?? Je préfère le compliment de Nnamdy : " You are strong "
Afrique ou pas, je vis normalement. Certes je suis très vigilante aux mesures d'hygiènes mais je ne m'empêche pas de vivre !

L'école française a repris comme à une journée près comme en France. J'ai vu les enfants heureux de retrouver leurs copains, le chemin de l école, je suis rassurée.
Pour ma part, ce retour a été quelque peu sportif, trois enfants maintenant à s'occuper, David en voyage d'affaire à Johannesburg...Des nuits bien agitées et un réveil le matin à 5.30 encore plus difficile.

Tout est une question d'organisation, de gestion de son temps :) mais aussi de profiter des bons côtés de la vie d'expatrier en Afrique et donc de partager ses tâches avec la Nanny.

Donc Voilà, ca y'est, j'ai fait le grand saut, je confie depuis une semaine maintenant ma toute petite à Christie.
Quelques temps d'observation, et mise en route, Christie a su me rassurer et me montrer que je pouvais avoir confiance en elle.
J'avoue même être un peu jalouse, quand je vois la faculté qu'elle a, à calmer Lièl quand elle pleure.
Elle ne demandait qu'à s'occuper de la petite, depuis notre arrivée, elle est ravie. Quant à moi, je prends plaisir aussi à retrouver du temps pour mes activités sportives ou autres sans avoir à jongler entre les heures de repas d'un nourrisson.

Cette année, je ne reprendrais pas les cours de français à Lekki, et les cours de natation seront aussi mis en à parte.  
Depuis juin, je suis sur un autre projet avec une amie, nous avons créé notre "mini entreprise".. Tout est en phase de démarrage, mais elle comme moi sommes motivées.
Les cartes  de visite sont imprimées, le projet est ficelé et nous avons entamé la partie terrain depuis cette semaine.
J'espère que cette nouvelle activité va me donner un nouveau souffle et surtout me redonner confiance au point de vue professionnel. 3 ans maintenant que j'ai quitté mon poste de DR en France, parfois je me demande si je suis encore capable de faire ce que je faisais avant. J'ai besoin de ce nouveau défi aussi pour rebooster mon ego.

C'est ainsi que notre seconde année ici commence, de nombreux départs ont eu lieu en juin dernier, beaucoup de nouvelles têtes, des projets qui émergent, je me sens bien, les prochains mois s'annoncent sympathiques...


Christie, Super "Nanny"






mercredi 15 avril 2015

Les élections


Après avoir été repoussées d’un mois et demi, les élections Nigérianes sont enfin terminées.
Fin mars, c’était pour les présidentielles, et we dernier, les Nigérians élisaient les gouverneurs.

Depuis janvier, nous sommes dans cette attente latente de ce qu’il va se passer : y’aura t’il émeutes ? Contestations ? Rebellions ?
Ici, il est difficile d’accepter sa défaite sans violence. Tout est sujet à la polémique. Pas de réelles statistiques, lorsque l’on sait que le recensement de la population est déjà très limité.
« La folie de la démocratie africaine est qu'elle se limite à des élections. La démocratie en Afrique est le plus souvent réduite à la propagande électorale et à des élections, sans oublier que la plupart des élections en Afrique ne sont ni libres ni équitables. »
Par quelques ruses que ce soit, un citoyen peut facilement voter deux fois ou alors donner sa carte (donc sa voix) contre quelques nairas.
Dans un pays où la corruption est reine, il est difficile de savoir ce qu’il va se passer.

Les préconisations de sécurité de l’ambassade et des entreprises ont été très largement prises au sérieux et respectés :
- « Quarantaine durant le WE des élections », pas de circulation autorisée, on reste chez soi.
- Faire un stock de nourriture et d’eau sur plusieurs jours au cas où l’interdiction de circuler se prolongerait.
- Respecter les couvres feu pour la veille du scrutin et le jour du dépouillement.
- Ecole fermée le jour du dépouillement (le lundi)

Ah, il est vrai, que ce climat n’inspire pas vraiment la zen attitude, mais nous concernant lors du premier tour, nous étions plutôt étonnés de voir le stress que certains expatriés pouvaient emmagasinés, jusqu’à ne pas mettre leurs enfants à l’école deux jours avant et deux jours après le scrutin. Une petite minorité avait même préparé leur sac d’appoint et se tenait prêt en cas d’éventuelle évacuation du pays !
Sujets de toutes les discussions, à l’école, dans la rue, avec sa nanny ou son chauffeur, tous étaient partagés entre la victoire de BUHARI ex militaire aux commandes du parti APC (ancien dictateur dans les années 80) ou de la réélection de Good Luck Jonathan pour le PDP.

La campagne présidentielle fût rude. Affichages permanents dans la rue, camions balais qui balancent des tracts, objets publicitaires (nourritures non périssables, crayons, autocollants…) aux couleurs de son parti, manifestations dans les différents QG…une ambiance hors du commun !


Campagne PDP 

Paquets de pâte à la couleur de PDP

Finalement, plus de peur que de mal…le WE que tout le monde appréhendait tant, s’est déroulé sans histoire.
Entre jeux de société, piscine avec les enfants, nous avons pu suivre pas à pas le déroulement via nos connexions internet.

Un jour de scrutin supplémentaire, car le samedi apparemment certains bureaux n’étaient pas en mesure d’accepter des votants (et oui il n’y a qu’en Afrique que cela peut se produire).
Le dimanche a donc été un jour de vote supplémentaire.
Le dépouillement s’est fait pas à pas jusqu’au mardi, avec une annonce de victoire certaine du parti adverse donc l’APC. Muhammadu BUHARI est élu nouveau président du Nigéria.
Emeutes quasi nulles, sauf dans quelques provinces du Nord, Good Luck Jonathan, président sortant a fait grand acte de démocratie. Dans une  adresse à la nation le mardi soir, Goodluck Jonathan a convié les Nigérians à l’unité. Il a appelé ses militants à accepter le verdict des urnes et de tout faire pour préserver les intérêts supérieurs du Nigéria qui sont les plus importants.

A nouveau calfeutrés dans nos campounds, journées bien longues pour toute la famille, le week dernier fût aussi très calme.
Les gouverneurs de l’APC ont été élus sans surprise en grande majorité.

Voilà, donc le Nigéria au main, de l’APC.
De grands espoirs de changements sont espérés par la population Nigériane, dans cette victoire. 
Qu’en sera t-il vraiment ? Je ferais peut être le point avec vous dans 4 ans, à la fin du mandat :) … ….
















vendredi 10 avril 2015

De retour...



     Quelques mois maintenant que je n’ai pas alimenté le blog, non pas par manque d’informations ou de nouveautés, mais tout simplement prise par de longues journées bien chargées.

Depuis décembre, nos repères et habitudes se sont franchement dessinés. Ca y’est notre quotidien s’est créé.
Si bien même que nous en sommes venus à accepter avec moins d’intransigeance, certaines habitudes lagossiennes telles que : «  se faire matraquer par des prix excessifs car nous sommes « Oyibos », prendre son mal en patience lorsque nous sommes bloqués dans les embouteillages pendant deux heures de temps (pour 7 petits kms…), attendre toujours attendre, jusqu’à des 1H30 parfois,  car le RDV n’est pas à l’heure ( et que personne ne sait vraiment à quelle heure la personne sera finalement là…)…
On finit par accepter, par s’avouer vaincus, usés peut être aussi, mais surtout parce que l’on sait que rien ni fera et que ca ne changera pas.
Ces habitudes font tout simplement parties de cette nouvelle vie, d’une éducation bien différente de la nôtre et avec lesquelles nous devons vivre !!

Parce que finalement, nous nous y sentons bien, que nous sommes heureux de vivre un morceau de notre existence ici, et qu’après cela nous semblait trop tard, nous nous sommes lancés… ….
Très rapidement, le projet est devenu vite réalité puisque en quelque semaine, j’avais déjà la graine (« dixit Eden »). Nous attendons une petite fille pour le mois de juillet J

Je suis peut être un peu Rock N Roll (dixit mon gynéco Français), une grossesse au Nigeria est possible mais l’accouchement peu conseillé.
Les normes d’hygiènes et sanitaires restent bien différentes des nôtres, et il est vrai qu’il vaut mieux ne pas être anxieux.
Pour l’anecdote, comme tout se passait bien depuis le début, et qu’il était compliqué et couteux de rentrer en France pour l’échographie du deuxième trimestre, j’ai décidé de la faire ici.
Le dispensaire médical où nous sommes rattachés, ne fait aucun suivi de grossesse et m’envoie depuis le début dans une clinique locale avec laquelle ils ont un partenariat.
Clinique au passage de « la fertilité »…apparemment le must pour ici, mais loin d’être le Top du top de chez nous.
Lors de chaque visite mensuelle, seules la tension et la prise de poids sont vérifiées, aucun examen du col n’est fait…et on est bien loin de l’hyper vigilance française.
N’ayant pas tout le matériel adéquat pour l’échographie morphologique, ils m’ont dirigé vers un autre centre.

Excités à l’idée de découvrir notre nouvelle progéniture, de savoir si tout va bien et de peut être connaître son sexe…nous voilà, David et moi dans la salle d’attente de ce nouvel endroit. 
Lieu bien étrange pour un lieu médical (Maisonnette très rudimentaire. De simples fauteuils et un écran TV qui émet CNN en brouillé, en guise de salle d’attente) Mais nous ne sommes pas plus inquiets que cela. C’est couleur locale.
Nous attendons plus d’une heure trente l’échographe apparemment bloqué dans les embouteillages. Seulement comme je le disais au dessus, si une personne nous avait informée de la réalité, plutôt que nous dire « il arrive, il est juste à côté » à chacune de nos interrogations…nous aurions été plus compréhensifs, je crois.
Bouillants d’impatience, nous sommes enfin pris en charge.
Je m’allonge, le matériel semble ok, 2 femmes sont là…Peu bavardes, j’ai l’impression que celle qui est au commande prend des mesures. L’autre les note sur un bout de papier.
5 minutes plus tard entre en salle un homme, habillé à la « Dr Sheperd, de Grey’s Anatomy » (avec son pyjama médical, ses crocs et son « chapeau médical »).
Il semble compétent et prend tout de suite en main le scan.
Il essaye de rentrer en contact avec moi au travers de quelques mots en français, continue les mesures, et sans rien dire de plus, s’arrête en me disant que tout est ok.
Le bébé est de taille normale, tout va bien…et c’est une fille !
Je n’en reviens pas car je suis persuadée depuis le début, que nous attendons un garçon, si convaincue, que je n’envisageais pas que cela soit autrement…
Stupéfaits mais heureux de cette annonce surprise, nous repartons avec un nouveau shéma en tête J, et des prénoms à chercher.

Une semaine plus tard, je reçois les résultats papiers.
Curieuse, je me hâte de comparer les mesures avec celles des deux premiers, afin de connaître l’éventuel poids et taille à terme de la future.
Périmètre crânien élevé, mais dans la norme des ALT.
Abdomen similaire à Ruben.
Poids équivalent aux deux autres
Taille du fémur :….260 mm pour 400 pour  Eden et 410 pour Ruben.
Je vérifie la date des échos, toutes ont été faites dans la même période.

Je commence à paniquer, fond en larme car c’est évident que quelque chose cloche.  Illico, j’appelle Maman (que c’est pratique d’avoir une maman pédiatre), et elle me confirme que cela semble étrange. Toujours aussi zen et rassurante, elle me demande de lui envoyer mes examens, et d’appeler dès que possible le médecin afin qu’il vérifie s’il n’y a pas une erreur sur le rapport.
Je passe une nuit épouvantable, à me ressasser que des idées morbides…
Dès la première heure du matin, je contacte mon gynéco français qui confirme les dire de maman la veille…Soit il y ‘a une erreur, soit il y’a problème. Refaire impérativement une écho et si les mesures sont confirmées, rentrer en France.
Je blêmis, je suis mal…David détaché dans un premier temps (car pour lui, c’est évident c’est une erreur, devient aussi inquiet quand l’échographe confirme les mesures et que pour lui tout est normal, « c’est une petit bébé, c’est tout »
Ah oui ca pour être un petit bébé, il l’est : 260 mm de mesure correspond à 18 semaines de grossesse environ alors que j’étais à 24 !!
Moi en pleure, David prend les choses en main  (ah mon doudou…) et exige une nouvelle échographie qu’avec le médecin cette fois, et dans la journée !

Une attente de nouveau interminable dans ce dispensaire (quasiment 2heures), un stress indescriptible, des décisions hypothétiques sur la suite de la grossesse…David et moi entrons de nouveau en salle.
Je vois David bouillir, à l’affût de tout et surtout rivé sur l’écran à filmer chaque cliché.
Après une journée à avoir naviguer sur le net, à savoir quelle était les conséquences d’un petit fémur (en l’occurrence un nanisme), David reconnaît immédiatement le fémur à l’écran. FL (Fémur Lenght apparaît également en haut à droite). Le médecin dessine ses points à chaque extrémité, et là David crie de soulagement «  Je le savais, 400mm, ils se sont trompés). Le médecin recommence 4, 5 prises de mesure. Toutes sont entre 390 et 420…dans la norme quoi, rien à voir avec les 260 de départ.
Le médecin ne dit rien, malgré nos multiples questions, interrogations.
Comment est il possible d’écrire sur un rapport que tout est normal et ok avec une gestation de 24 semaines alors que le fémur a une taille d’un bébé de 18 ???
Pas d’excuses, nous leur demandons de nous donner chaque cliché pour tout faire vérifier et partons.
Un soulagement indescriptible s’est empli en moi…vidée par ce stress de 24 heures, je ressors avec le sourire et tellement rassurée.

Une anecdote de plus qui confirme qu’ici de nombreuses choses restent approximatives, même les plus importantes à nos yeux !